le RSA, réponses aux questions de la CGT
Avec Régine LE JEUNE, dans le cadre des élections départementales, nous avons été interrogés à partir des questions ci-dessous.
Dans le cadre de votre mandat d’élu au conseil départemental, allez-vous proposer des consignes précises pour ne pas supprimer tout ou partie du RSA dans le cadre d’une sanction liée à une non-contractualisation, une recherche d’emplois insuffisante, ou un refus d’offre d’emploi ?
Dans le cas où vous répondriez par la négative à la question précédente, seriez-vous prêt à tester vous-même la réalité d’un allocataire RSA dans ce contexte d’absence totale de ressources, de réseaux, de soutien et d’aides familiales en prenant en compte l’impossibilité de contracter des crédits bancaires ?
Voilà nos réponses:
Par Régine LE JEUNE et Michel LE MESTRALLAN
FRONT DE GAUCHE-CANTON DE PLOEMEUR
Le RSA, une version libérale du minimum vital pour survivre
Avec La loi du 1er décembre 2008, instaurant le Revenu de Solidarité active, le pays devait se doter d'un outil permettant « d'assurer à ses bénéficiaires des moyens convenables d'existence » et à contrario du RMI écrivaient-ils, « ne devait pas installer les attributaires dans un statut dont ils seraient prisonniers ».
Ni le premier volet : assurer un minimum « convenable », ni le second : permettre de donner les moyens d'une sortie rapide de la pauvreté ne sont satisfaits.
Revenu convenable ? Avec 750€ par mois pour un couple sans ressources et sans enfant et 500€ pour un célibataire, soit de l'ordre du tiers du niveau de vie médian, il n'est pas possible de vivre décemment
Sortie rapide de la pauvreté ? Alors que la pauvreté ne cesse de s'étendre et que la hausse du nombre d'allocataires du RSA s'est encore accélérée.
Alors que la logique du RMI était celle d'une responsabilité sociale, d'une responsabilité de l'économie et de l'emploi dans la situation des individus, qui faisait de l'obtention, de ce RMI un droit, le RSA rompt avec ce principe. Du droit nous sommes passés à la morale, de la responsabilité extérieure à la responsabilité des personnes.
De fait les principes mis en œuvre ne sont plus les mêmes, les attributaires ne sont pas strictement définis. Le barème des ressources ne suffit plus, il faut une contrepartie. Il faut désormais répondre à un ensemble de « droits et de devoirs ».
Par ailleurs, alors que le RMI était tourné vers les sans emploi, le RSA est désormais également destiné « aux salariés pauvres », il supplée aussi les salaires insuffisants des précaires. De ce fait, il subventionne aussi les entreprises qui les versent. Avec le RSA, le contribuable paie pour partie les salaires à la place des patrons, pourquoi augmenter les salariés ?
RMI comme RSA sont les signes patents d'un échec. Qui peut croire que la sortie de la pauvreté est possible, là ou le chômage et la précarité ne cessent de grandir ?
Le recul de la part de l'Etat dans la gestion du RSA fait payer par les contribuables le choix de privilégier la finance aux dépens de l'emploi
Entre 2008 et 2013, la part des dépenses de l'Etat dans la gestion du RMI puis du RSA est passée de 95,2% à 71,3%. Les recettes des conseils généraux ne suivent pas ce désengagement de l'état. Ce n'est pas pour rien que l'asphyxie guette nombre de départements.
En aucun cas, cette situation ne doit conduire à reporter cette pression sur les attributaires du RSA.
Il est vrai que M. Goulard estime nécessaire, avec ses amis de l'UMP, de ne pas s'arrêter à 50 milliards de baisse de la dépense publique et propose d'aller jusqu'à 150 milliards. La faiblesse des dépenses sociales de ce département trouve là son explication.
Un RSA, version Goulard, qui va jusqu'au bout de la logique libérale
A l'instar d'autres questions soulevées par les élections départementales dans ce département : recul des services publics, non application des lois laïques quant à la présence des établissements publics sur certaines parties du territoire, application zélée de l'austérité, politique de réseaux d'influence, la logique libérale du RSA est poussée jusqu'au plus profond de son injustice.
La pression exercée sur les attributaires du RSA est intolérable. Mettons au défi M. Goulard de produire en face de chaque individu privé d'emploi les propositions qui leur permettraient de reprendre une activité à temps plein.
Des réponses sur le fond aux questions du chômage et de la précarité
Oui, élus nous formulerions des consignes précises pour ne pas supprimer tout ou partie du RSA pour les motifs que vous citez. Vous l'avez compris nous estimons indécent de faire des chômeurs et précaires les responsables de leur situation.
Plus encore nous formulerions des propositions précises pour une véritable sécurisation des trajectoires professionnelles avec l'affiliation automatique de chaque résident, dès la fin de la scolarité obligatoire, à un service public et social de sécurisation de l'emploi et de la formation démocratisé et décentralisé.
Ce nouveau service public et social devrait construire un système unifié d'indemnisation du chômage en sortant de la coupure assistance/assurance
Non seulement, vous auriez le droit d'affichage mais dans le service public que nous proposons qui serait ni étatique, malgré la présence des pouvoirs publics dans sa gouvernance, ni étroitement paritaire, la part du patronat étant minorée, la part des organisations syndicales et les associations de chômeurs serait importante. Les représentants des salariés dans la gestion des fonds sociaux d'indemnisation du chômage seraient élus.